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Prince du Fleuve Congo
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30 août 2007

Qui vous a fait Dieu ?

"Qui vous a dit que vous étiez Dieu ?", demandait Désiré Kabila à Désiré Mobutu sur l’OUTENIQUA, le bateau Sud Africain.

"Qui vous a dit que vous étiez Dieu ?", redemandait le bouillant Pasteur Théodore Ngoy à Désiré Kabila au Palais des Marbres après la prise du pouvoir par Mzee.

C'est vrai. Le pouvoir grise et le pouvoir absolu grise dangereusement au point d'amener son détenteur à se croire investit de vertus divines.

En France, Sarko reconnaît en toute humilité que l'Hexagone lui a tout donné et s'engage à lui rendre la pareille, exprime son respect pour Ségo à cause de 17 millions des français qui ont jeté leur dévolu sur elle, ouvre son gouvernement à gauche pour consolider l'unité nationale (nomination de Bernard Kouchner au poste stratégique des Affaires Étrangères).

Au Congo, Joseph Mobutu demanda :"Qui doit à qui entre le peuple Zaïrois et moi ?". Et comme il abhorrait toute contradiction, il se répondit à lui-même : "C'est le peuple qui me doit tout et non le contraire". Presque vingt ans après, Joseph Kabila mime Joseph Mobutu jusqu'au ridicule : "Qui s'est battu pour ce pays plus que moi ?", lance-t-il une question rhétorique à un peuple qui connaît la chanson.

On s'était demandé pourquoi les forces de l'ordre s’étaient adonnées au carnage des adeptes de Bundu dia Kongo sans que cela n’émeuve outre mesure le Président congolais. Pendant que le Congo attendait un message de condoléances de la part du "Père de la Nation", on eut plutôt droit à une démonstration d'un goût fort discutable du Sieur Kalume, Général-Ministre de l'Intérieur sur la non appartenance de la majorité des morts à la province du Bas-Congo.

On s'était demandé pourquoi le Président était resté muet après l'invasion de Kahemba par l'Armée Angolaise et qu'encore une fois le Général-Ministre se donnait en spectacle en donnant la partie occupée à l'Angola.

On n'avait pas compris que Kabila lance toute son armée avec armes lourdes sur une centaine des éléments de la garde de JP Bemba, éléments munis d'armes légères et blanches. Pendant que les obus kabiliens semaient mort et désolation à Kinshasa, Nkunda, le rebelle pourtant sous mandat d'arrêt international, conférait et paradait avec la haute hiérarchie militaire des FARDC et réussissait à faire mixer ses éléments avec ceux de l'armée nationale.

Le peuple crut trouver une explication "Kabila a vendu le pays !"

Plutôt que de remédier à son insuffisante communicabilité, Jo tranche : "Ce sont des stupidités !"  Et d'avertir qu'il ne tolérera plus qu'on se paye sa tête : "Parce que le Kabila que vous avez maintenant, n'est plus le même que celui d'avant les élections".

Les parrains occidentaux en perdent leur latin. Les obus sont tombés sur leurs résidences et représentations, les GSSP, garde de Kabila, sont entrés dans leurs maisons et exigé de l'argent en leur pointant des armes, d'autres ont eu la vie sauve grâce au courage des gars de Bemba qui les ont extraits des tirs kabiliens et balancés comme des colis quelconques dans les chars de la Monuc.

Conscients des limites de l’édifice accouché par leur arnaque électorale, ils conseillent à leur protégé la modération et la négociation, non sans avoir pris le soin de relevé la « disproportionnalité » de la force utilisée pour défaire la garde de Bemba.

Réponse du berger à la bergère, de sa voix aigrelette et métallique Kabila tranche que Bemba devra répondre à la justice pour avoir voulu perpétrer un coup d’état.

Eux qui aiment les apparences se retrouvent mis à nu. Kabila est sur son nuage et ne les entend plus. Leur demi-milliard de dollars américains vient d'accoucher d'une dictature qui veut s'émanciper d'eux. Bemba malgré ses 42 %, réalisés face à Kabila, doit se taire. Il n’est surtout pas question qu’il remette ses pieds au Congo. Sinon la justice qui peine à devenir indépendante, lui fera bien boire la tasse, à la santé de Junior.

Quant à la presse, on lui a tellement foutu les jetons qu’elle chantera les louanges du Raïs pour un bon bout de temps.

C'en est trop pour les mentors qui se décident d'envoyer un message clair à leur protégé. "Il n'y aura plus d'homme fort au Congo". Comme Kabila ne veut pas de Bemba, on va lui coller Léon Lobitch, dit Kengo wa Ndondo, comme président du sénat, et puis on verra venir.

Si Kabila ne sauve pas les apparences en laissant les journalistes faire leur boulot, s’il ne refreine pas les ardeurs de ses sbires à la gâchette si facile, si, avec son éléphant de gouvernant il ne sort toujours pas de son immobilisme, Léon pourra toujours servir.

Mais est-ce aussi simple de faire des dieux et de les défaire à souhait ?

Tony Katombe

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