NDATA SANGU ET LA JEUNE FEMME. Conte du Congo-Zaïre (Auteur inconnu)
Dans un village proche du mien, vivait Ndata Sangu qui, certainement, devait avoir
près de 80 ans.
Un jour, notre vieillard se présenta chez les parents d’une certaine Yessa
qu’il désirait épouser. La mère de la jeune fille s’y opposa, mais le père
marqua son accord et le mariage fut conclu. La mère toutefois, ne se tint pas
pour battue. Elle appela sa fille et lui donna un bon moyen pour que le vieux
ne la garde pas chez lui.
« Tu mettras, dit-elle, un plein gobelet de sel dans sa nourriture afin qu’il
te chasse et que tu puisse rentrer rapidement à la maison. »
Yessa fit comme sa mère le lui avait conseillé. Ndata Sangu se mit а
table, mais dès la première bouchée, il appela sa femme et la complimenta pour
avoir si adroitement salé la nourriture.
« Voilà plusieurs jours que je suis constipé, ajouta-t-il, ceci est la purge
idéale qu’il me fallait. »
La jeune femme s’en alla aussitôt raconter l’histoire à sa mère et lui décrit
comment elle avait reçu des félicitations plutôt que des réprimandes.
« Ce n’est rien, lui répondit la mère, voici ce que tu vas faire tu mettras une
grande quantité de piments dans la casserole ; cette fois, le truc réussira. »
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Dès qu’il se mit à manger, Ndata Sangu sentit le goût du piment, mais il appela
sa femme et la félicita encore.
« Je me demande, dit-il, comment tu parviens à soupçonner mes moindres désirs.
Ces piments viennent bien à point pour calmer ma toux.»
Désespérée, Yessa alla de nouveau tout raconter à sa mère.
« Cette fois, répondit celle-ci, tu prendras une touque d’huile et tu en
imbiberas ses vêtements, les meubles, le lit; tu en badigeonneras également les
murs. On verra bien s’il ne te chasse pas. »
L’opération était à peine terminée que Ndata Sangu rentra chez lui. Il examina
minutieusement la maison et manifesta sa joie.
« Ma femme, dit-il, tu es vraiment intelligente ; c’est une excellente idée que
d’avoir répandu cette huile partout ; elle détruira les puces, punaises et
autres insectes nuisibles. Tu es une bonne femme; mon choix a été bon. »
C’est ainsi que Yessa, à bout de ressources, se décida enfin à rester chez son
mari. Ndata Sangu, grâce à sa patience et à son savoir-faire, avait fini par
avoir gain de cause.