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Prince du Fleuve Congo
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22 août 2007

Réponse à Byamungu: Vraiment pathétique!

Monsieur Byamungu,

Ainsi vous regrettez mes propos? Vous regrettez le fait que je vous demande le bilan des dix années qui se sont écoulées depuis le départ définitif (Eh oui, puisqu’il est mort!) de l’abominable dictateur Mobutu et, curieusement, vous qui voulez nous faire croire que votre résidence sur la terre congolaise vous donne préséance sur nous autres, pauvres expatriés, lorsqu’il s’agit d’user du droit primaire, reconnu en toute véritable démocratie, de critiquer. Et je vous prie de comprendre le mot critiquer dans son essence, c’est-à-dire de formuler une opinion sur un sujet donné, en l’occurrence, la situation politique et sociale de mon pays, le Congo-Zaïre. De plus, et c’est à noter, vous me traitez de « taré » parce que j’ai l’audace de mettre en comparaison l’ère Mobutu et l’ère actuelle ! Qu’à cela ne tienne, je ne plongerai pas dans un combat épistolier sans issu sur ce qualificatif dont vous m’affublez. Mais je vais tenter, par pur esprit de dialogue, de vous mettre le nez dans votre caca, selon l’expression consacrée et sans aucune méchanceté intentionnelle de ma part.

Prenons pour commencer, si vous le voulez bien, par vos assertions lamentables concernant ma prétendue fuite hors du pays. Je vais vous révéler ce que fut et ce qu’est ma vie depuis ma naissance à Kinshasa jusqu’à ce jour. D’aucun m’enjoindrait de ne point divulguer cette partie intime me concernant, mais il est nécessaire de le faire pour que votre crasse intellectuelle se trouve un tant soit peu nettoyée. Mon père était en poste pour le compte des Nations Unies à Addis-Abeba, en Ethiopie, pour y travailler en bonne intelligence avec la défunte Organisation de l’Unité Africaine (OUA) alors naissante. C’est dans la ville de l’Empereur Hailé Sélassié que ma grande sœur vit le jour en 1963. Ma famille arrivait de Belgique où mon père venait de terminer de brillantes études à Louvain (Sciences Economiques, son mémoire est encore cité en référence aujourd’hui par les professeurs de cette université). Mon grand frère, l’aîné de la famille est né à Bruxelles en 1962. En 1965, au cours des vacances d’été, ma mère fit le voyage d’Addis-Abeba à Kinshasa alors qu’elle attendait un troisième enfant qui devait naître en juillet à son retour. Mais, le 22 juin je (puisqu’il s’agit de votre serviteur) décidais de précipiter le terme de cette gestation et je fis donc mon arrivée sur cette planète par une naissance sur la terre de mes Ancêtres à l’hôpital de Ngaliema. C’est le docteur Longo qui assista ma mère pour cela. Mon père est natif d’Inongo (Maï-Ndombe, Bandundu) et ma mère de Loselinga (Mongo de l’Equateur). Après quelques semaines de repos bien mérité, ma mère rentra à Addis avec son nouveau-né. En 1967, ce fut le tour de mon petit frère de naitre lui aussi à Kinshasa dans le même cas, mais en octobre. Mon père venait d’être sollicité par le Colonel Mobutu pour doter le pays d’une compagnie de marine marchande afin de s’affranchir de la dépendance imposée par la Compagnie Maritime Belge (CMC). Mais, par prémonition, Il ne démissionna pas de l’ONU et il envoya sa famille à Genève. C’est donc depuis cette année là à ce présent jour que ma famille et moi sommes résidents sur territoire helvétique. La benjamine de ma fratrie naît à Genève en 1970.

Vous soutenez toujours que je suis un fuyard ?

Revenons à un sujet qui me tient bien plus à cœur : Le Congo-Zaïre. Si, par je ne sais quel aléas de la vie, vous pouviez rencontrer certains de mes coreligionnaires scolaire, ils vous diraient sans retenue que j’ai l’amour de ma patrie chevillé au corps depuis ma tendre enfance. Outre le fait que le Lingala ne m’est pas inconnu, ils vous diront qu’ils ont pu, chaque année que nous où nous avons partagé les bancs de l’école, accroître leur connaissance du Zaïre-Congo grâce aux différents exposés et autres travaux de recherche que je présentais en cours de géographie, d’histoire ou d’économie. Oui, depuis l’âge de 14 ans, je ne cesse d’étudier ce pays qui, je ne vous le cache pas, m’obsède. J’en parle avec passion, à tout bout de champs et à toute personne qui me pose une question ou qui fait mine de s’intéresser à l’ancienne colonie belge. J’ai dévoré goulument les écrits de Booker T. Washington, de Joseph Conrad et le livre d’Adam Hoschild sur les crimes de Léopold II est mon livre de chevet. Mais l’œuvre de Cheik Anta Diop sur les Nations et Civilisations Nègres est aussi en très bonne place dans ma bibliothèque, au côté d’ouvrages signés Kä Mana, Charles Djungu Simba, Mukala Kadima, Pius Ngandu Nkashama et bien d’autres encore. Certes, vous allez arguer que je n’ai acquis là qu’une connaissance toute théorique, mais je rétorquerai que mon père, dans un esprit de bon sens, ne nous a pas laissé le loisir de nous couper de nos racines et, il s’en fit un point d’honneur, il nous donna la chance inestimable de pouvoir venir vivre au pays. Sachez qu’il fut appelé à travailler pour la patrie, non pas à un poste de politicailleur, mais bien pour mettre son expertise et sa science de la gestion d’entreprise au service public. Il est le créateur de la Compagnie Maritime Congolaise, qui devint par la suite la Compagnie Maritime Zaïroise (CMZ), fleuron des entreprises de marine marchande en Afrique. En effet, la gestion de mon père mena la CMZ à s’approprier 68% du trafic maritime entre l’Afrique (grâce à une politique d’alliance avec d’autres compagnies maritime de pays africain). À son apogée, la CMZ possédait 10 navires (9 cargo de gros tonnage et 1 navire mixte cargo/passager, le MS Kananga). Et tous les bâtiments qui constituèrent la flotte de la compagnie portaient des noms évocateurs : Le MS P.E.Lumumba, le MS Okito, le MS Mpolo, le MS Kasavubu, le MS Kinsangani, le MS Mbuji-Mayi, le MS Mbandaka, MS Bandundu et le MS Bukavu. Mon père dirigea cette compagnie jusqu'à ce que la folie de Mobutu le fasse accuser de trahison et cherche à l’emprisonner en 1974. Avant ce triste épisode, mon père avait aussi dirigé la restructuration de la SONAS.

Il est bien entendu que je vous relate ces faits par des raccourcis dans le seul souci de ne pas écrire un livre entier sur les événements qui ont fait de moi un anti-mobutiste. De voir où gît aujourd’hui l’œuvre de mon père (la CMdC, Compagnie Maritime du Congo ne possède plus un seul navire !) par la faute des grossières erreurs de Mobutu m’emplit de tristesse. Mais cela me conforte encore plus dans le combat que je mène au côté de fils et filles de mon pays pour que justement, nous retrouvions le chemin du développement.

Vous l’avez compris, je ne suis pas un fervent défenseur des 32 ans de règne du léopard de Kawele. Cependant, la question pertinente et lancinante reste en suspens. Vous, Mr. Byamungu, vous nous dites que les millions de morts que notre pays a à déplorer depuis la fuite et la mort du dictateur honni et sa mort infamante en exil au Maroc sont le résultat de la gestion du pays par les sbires du Maréchal. Vous nous dites que si les troupes d’Eduardo dos Santos se promènent en toute impunité dans le territoire de Kahemba, c’est de la faute à Mobutu. Vous nous dites que les Mbororos qui détruisent des villages entiers dans le Haut-Uélé le font suite à une invitation du défunt dictateur ! Et si vous pouviez, je suis sur que vous affirmeriez que Laurent Kundabatware est le dernier cadeau que nous aurait fait l’homme « d’horizon 80 » !!!  Comme dit Tony, pathétique. Oui, vos conclusions sont pathétiques.

La situation ne serait pas aussi terrible que je m’escafflerais devant tant de mauvaise foi. Voyez-vous, où que vous soyez dans l’univers, seul prévaut la logique mathématique en dernier lieu. Et la logique mathématique que j’oppose à vos inepties est la suivante : Mobutu est partit avec pertes et fracas en 1997. Nous sommes aujourd’hui en 2007, soit 10 ans après quel est le bilan des libérateurs ? Qu’ils soient ceux qui accompagnèrent Mzee Kabila, qu’ils soient ceux qui ont crée le MLC ou le RCD, que ce soit ceux qui sont aux commandes actuellement, quel est leur bilan.

Tony vous demande si c’est patriotique que de quitter la diaspora pour venir vivre avec 38'000 francs congolais (soit ± 80 US$) de salaire mensuel, alors que pour louer une habitation pour moi, ma femme et mes deux enfants, il faut au moins 100$, 50$ pour le transport, et 500$ pour l’éducation des enfants. Que répondez-vous ? Que c’est de là un délit de fuite que de refuser ces conditions ?

Sachez, mon bon monsieur, que sans en faire de publicité, je participe plus qu’activement à la reconstruction du tissu social. Je finance de ma poche, grâce au salaire que je reçois en travaillant ici en Europe, la construction d’établissement scolaire en milieu rural. Oh, bien sûr, je n’y donne pas la même publicité que l’excellent Mutombo Dikembe (je n’ai pas les mêmes moyens), mais comme lui, mon engagement personnel ne date pas d’aujourd’hui, et il ne cherche pas le soutien de politiciens véreux qui cachent leurs méfaits en cherchant à s’accaparer les réalisations d’autrui. Qui ne sait pas que lorsque les dirigeants congolais clament avoir reconstruit une route (en général une petite dizaine de kilomètre en trois mois), on apprend trop souvent qu’en fait c’est une entreprise étrangère ou des fonds extérieurs qui sont à la base de ces travaux ?

Non, Maître Jacques ! Vous vous fourvoyez en m’accusant de couardise et de fuite, comme vous vous leurrez si vous croyez pouvoir mettre les avanies commises actuellement au Congo-Kinshasa sur le compte de la dictature de Mobutu. Cela fait 10 ans Monsieur ! 10 ans ! Et s’il l’on se projette plus avant, le ciel est bien sombre : Juste un exemple des futurs chantiers qui nous attendent, les 600 parlementaires et les 110 sénateurs vont recevoir un salaire de 4'200 $ chacun. Soit, attendez que je prenne ma calculette : la somme de 2'982'000 $ à sortir chaque mois. Cela fait 35'784’000$ par année. Rajouter l’achat de 700 4x4 pour nos chers honorables, plus une maison, plus les frais pour le chauffeur, le garde du corps, les domestiques à la maison, les secrétaires, puis ajoutez-y le salaire des ministres, du premier ministre, de la présidence…Une fois que vous avez payez tout ce petit monde, que reste-il sur les 2 milliard et demi du budget de Yandi Ve ? Et pendant que je vous couche ces quelques lignes, l'ONU rapporte qu'environs 8'000 de nos compatriotes viennent de fuir leurs demeurres et de traverser la frontière pour se réfugier en Ouganda. Ils fuient les hommes de Nkundabatware et les combats qui viennent de s'intensifier dans la région. Est-ce toujours là un fait imputable à Mobutu 10 ans après son éviction?

Ce Mobutu que vous et moi condamnons avec la plus grande fermeté doit bien rire dans sa tombe en regardant ceux qui l’ont chassé travailler en bonne intelligence avec ceux qui il y’a 10 ans étaient avec lui au pouvoir. Et les mêmes infamies qui avaient cours sous Mobutu ont cours sous le règne des « libérateurs ».

Et c’est toujours moi le taré ?

Saluez bien votre conscience de ma part monsieur Byamungu.

Philippe Lomboto Liondjo, Membre du MAC (Militants Anti-Crétinisation)

Genève, Suisse.

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